La joueuse... à l'eau !

Bon, cela fait assez longtemps que je retarde l'édition de cet article... allez, je me jette à l'eau !

Il y a 2 ans 1/2 maintenant, je me suis cousu mon 1er vêtement. Et oui, mon 1er... Si j'ai déjà réalisé pas mal d'accessoires et de sacs, je n'ai effectivement fait que peu d'essais de vêtements (quelques tabliers que je ne considère pas vraiment comme des vêtements, une robe de grossesse pour une copine ici, et je ne compte pas ma robe belle époque - qui constitue ma toute 1ère réalisation et mon entrée dans l'univers de la couture ici - car si c'est bien moi qui l'ai cousue, j'ai appliqué étape par étape les instructions données par ma maman, sans être autonome donc). L'été arrivait bientôt, j'avais dans mon stock un très joli lycra et j'avais même acheté un livre exprès pour le modèle en couverture qui me tentait tant... C'était le moment ou jamais : J'allais me coudre un maillot de bain !! 

Oui oui, mon 1er vrai vêtement et je me couds un maillot de bain  ... pièce somme toute assez technique, avec un tissu élastique, de la laminette, une doublure spécifique, l'utilisation de la surjeteuse que je n'avais jamais utilisée hormis pour quelques surfilages (qqs centaines de masques tout de même) ... Généralement, on recommande aux débutants de commencer par des projets simples... ben moi je commence les vêtements par un maillot de bain ! 

J'ai jeté mon dévolu sur le superbe maillot 1 pièce de Charlotte Jaubert (de l'équipe Artesane) qui figure en couverture de son livre "Apprendre à coudre sa lingerie et ses maillots de bain" : le modèle "La Joueuse". Le livre contient 4 ensembles de lingerie et 4 ensembles de bain assortis, et également pleeeeeeeeeein d'infos utiles, avec notamment pas moins de 20 leçons techniques et 7 vidéos.

"La joueuse - bain" est un modèle foulard avec 2 grandes bandes croisées sur le devant et nouées à l'arrière du cou. Il me fait penser à la robe convertible / Infinity dress qu'on voyait partout il y a quelques années. La culotte est taille haute et peu échancrée. J'aime l'élégance simple de ce modèle et son petit côté sexy rétro. 

Inspirations :

(liens en cliquant sur les photos) :

    

    

Et un modèle très similaire de Charlotte Jaubert, disponible en cours vidéo complet sur Artesane :

    

    

 

Matériel :

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de cette boutique/association à Bourgoin Jallieu (38) qui vend des chutes / déchets industriels. J'y suis allée plusieurs fois lorsque j'habitais à côté, et un jour il y avait de jolies chutes de lycra, assez épais, rose pastel et bleu nuit à pois. Je n'avais pas encore l'idée de me coudre un maillot de bain en particulier, mais à 1€/m je ne risquais pas grand chose. Voilà pour le tissu principal, avec lequel j'ai fait un petit twist en utilisant l'envers uni pour une des bretelles.

En lisant les explications du livre, j'ai appris qu'il me fallait de la doublure spécial maillot de bain, très élastique et qui sèche rapidement. Et également de la laminette, un élastique en caoutchouc fin qui ne craint ni l'eau, ni le soleil, ni le chlore (en tout cas bien moins que les élastiques pour vêtements) et qui assure donc une bonne tenue dans le temps du maillot. Attention, la laminette est opaque et fait presque 1mm d'épaisseur ; c'est différent du framilistic qui est également un élastique caoutchouc, mais transparent, et utilisé par exemple pour froncer un vêtement en le plaçant côté intérieur. La laminette doit toujours être protégée du contact avec la peau ; elle est donc enfermée entre 2 épaisseurs de lycra. J'ai acheté la mienne chez Mademoiselle Tissus à 15cts/m. Elle avait une boutique sur facebook à l'époque, mais maintenant il existe une boutique en ligne (ici). Il y en avais en 6 et 8mm de large, lisse ou côtelée (pour éviter qu'elle ne glisse). Et enfin, du fil mousse pour la sujeteuse, plus doux pour le contact direct avec la peau.

Et sans plus attendre ...

Je porte mon maillot !

Et plouf !

Réalisation :

Le patron est sans marge de couture, je les ai donc ajoutées en fonction de la finition choisie (surjet à la MAC, 3 ou 4 fils à la surjeteuse, élastique), en portant une attention particulière aux angles. Car si la question ne se pose pas pour les patrons avec marges incluses, il vaut mieux savoir comment les ajouter soi-même, surtout pour une pièce avec un angle obtu (>90°) : en poursuivant les lignes des marges telles quelles, une fois la première couture réalisée sur un côté, la valeur de marge repliée sera trop juste pour être correctement prise dans la seconde couture ; il faut donc prévoir de découper plus large. Idem pour les ourlets : une fois l'ourlet replié, il doit se superposer au bas de la pièce. Je vous conseille de lire cet article de La Jolie Girafe qui explique tout cela très bien, avec schémas à l'appui.

Si j'ai mis si longtemps à me lancer dans la couture de vêtements, c'est que j'ai toujours eu une crainte : que le vêtement ne m'aille pas, malgré le respect du tableau de tailles. En effet, je lis souvent que tel ou tel patron "taille petit" ou "taille grand", que telle couturière a coupé "sa taille habituelle du commerce et que ça va parfaitement" ou qu'elle a "cousu sans les marges"... Quel intérêt de donner le tableau de tailles lié au patron si chacun fait à sa manière pour le "corriger", ayant d'emblée une méfiance envers le travail du créateur.trice?? Du coup, j'ai inconsciemment intégré l'idée que les tableaux de tailles sont aléatoires : parfois justes, parfois non. J'ai peut-être trop trainé sur des groupes couture, mais cela m'a un peu bloqué. En réalité, je vois 2 solutions : Soit le tableau n'est effectivement pas fiable et dans ce cas c'est que le créateur.trice n'a pas fait du bon travail / Soit les couturiers.ères changent de taille parce qu'ils.elles veulent modifier le "porter" du vêtement : le rendre plus ajusté ou plus ample. En tant que novice, le plus simple est tout de même de se fier au tableau des tailles pour avoir le rendu attendu du modèle.

Cela étant dit, il est tout à fait normal par contre d'ajuster les pièces du patron lorsqu'on est entre 2 tailles ou bien sur des tailles différentes entre tour de poitrine/taille/hanches. C'est ce que j'ai fait sur la culotte de ce modèle en traçant la courbe adaptée à ma morphologie : un 43 à la taille, un 41 aux petites hanches et la plus grande hauteur pour mon 1m74. Au final, les largeurs me semblent bonnes, mais j'ai un gros doute par rapport à la stature (pas précisée dans le livre) : En voyant les photos du maillot porté, j'ai l'impression qu'il aurait fallu qqs centimètres de plus en hauteur à la culotte, car je trouve que les bretelles démarrent trop bas et que le décolleté est ainsi trop ouvert... Ou alors, j'ai juste trop de poitrine ! ^^

    

Pour la découpe des tissus élastiques comme le lycra, rien de tel qu'un grand tapis de découpe cicatrisant, quelques poids et un cutter rotatif qui coupe bien (changer la lame avant si besoin, et ne pas trop appuyer dans les courbes pour ne pas trop marquer le tapis).

J'ai fait plusieurs essayages en cours de montage, pour vérifier notamment que les coutures des cuisses serraient suffisamment, mais pas trop. Cela se joue à peu, en fonction de la tension donnée à la laminette lors de la couture surjet. J'ai décousu entièrement mon 1er surjet trop serré pour moins tirer la fois d'après. En fait, j'ai fini par poser la laminette presque sans tirer et c'est ce qu'il fallait. Sur les photos ci-dessous : différence entre laminette plus ou moins tirée. Dans l'ensemble, je suis plutôt fière de mes 1ers surjets à la surjeteuse - tissu élastique - lycra - insertion de laminette, même si pas parfaits.  

        

Petit fail lorsque j'ai cousu la belle-mère en plastique de ma MAC lors de mon surfilage au point zigzag triple, c'est costaud une aiguille de MAC ! ^^ ... Et oui, c'est bien le nom de ce petit outil, très pratique pour les coutures épaisses : il s'agit ni plus ni moins qu'une cale qui se place sous le pied de biche afin qu'il soit toujours à l'horizontal malgré les épaisseurs, en particulier en début de couture ou en traversant une surépaisseur localisée. Et si vous n'en avez pas encore, il est très simple d'en faire soi-même. Si cela vous intéresse, c'est très bien illustré sur cet article de Cathou coud par exemple.

Maillot fini :

    

    

    

    

    

Quelques bizzarreries du patron selon moi : 

- Le tableau des tailles indique 6 tailles pour les bas du 34 au 44, et 4 tailles pour les hauts, du XS au L. Et pourtant, le patron du haut de La Joueuse Bain est dessiné avec les 6 traits correspondant au 34 à 44...

- Ce modèle est fait pour des tissus élastiques dans les 2 sens et les pièces indiquent le sens de cette bi-élasticité... sauf la pièce des bandes à nouer. Ok, c'est pas trop embêtant pour un tissu élastique quel que soit le sens, mais un peu plus si ce tissu a un sens de motifs à respecter.

- La doublure doit être un peu plus petite que le tissu extérieur pour ne pas risquer de ressortir. Les explications vidéo disent donc de redécouper toutes les pièces de la doublure à 5mm. Un peu dommage de redécouper alors qu'il aurait suffit de prévenir avant pour couper plus petit dès le début... Dans mon cas, comme mon lycra était très résistant (un peu gainant du coup) et ma doublure mousse très extensible, elle a tendance à ressortir malgré la redécoupe, particulièrement sur les fesses et au niveau du décolleté.

- Les pièces du haut ont une doublure mousse (plus petite que le tissu principal donc) alors que les liens à nouer sont formées de 2 pièces identiques en lycra. Du coup, on se retrouve à assembler 2 tubes de périmères différents et la doublure ressort vers la couture. J'ai fait confiance à la créatrice, mais j'aurais dû recouper un peu les côtes de la pièce doublure des liens à nouer. Bon, après, on ne peut pas dire que mes coutures étaient irréprochables non plus ^^.

- Au sujet des pièces du haut, attention au schéma de placement sur le livre, il indique de les couper dans le tissu plié en 2 alors que vous n'avez besoin que de 2 pièces lycra et non 4, puisqu'il y a les 2 pièces de doublure.

- Enfin, j'ai été étonné du tuto qui indique de bâtir la culotte avec la doublure avant de faire les surjets avec laminette. Un point droit sur une couture extensible va forcément craquer au bout d'un moment, et c'est dailleurs prévu. Mais si je comprends tout à fait l'intérêt du bâti, cela reste assez désagréable d'entendre la couture craquer en enfilant/retirant le maillot, en espérant que ça soit bien la couture de bâti qu icraque (inutile à ce stade) et pas une autre !

                            

Ce que je changerai sur un prochain maillot : 

- culotte plus haute pour adapter la hauteur de couture culotte-bretelles à ma stature et peut-être une taille (ou 2) de plus pour le haut également

- couleur de la doublure proche de celle du lycra pour passer plus inaperçue en cas de débord

- doublure de la culotte plus résistante et moins souple pour éviter qu'elle ne ressorte, et ajouter un petit effet gainant

- doublure du haut dans le tissu extérieur, ou bien en doublure mais en redécoupant davantage les marges

Bilan :

Au final, j'ai été agréablement surprise par la réalisation de ce maillot. Malgré tous les défis qu'il représentait, j'ai pris beaucoup de plaisir à le confectionner, et j'ai toujours beaucoup de plaisir à le porter et à dire "c'est moi qui l'ai fait !"

Et vous alors, vous avez déjà cousu votre maillot de bain?